Trouver un terrain d'entente dans les récits transformateurs de la durabilité

Le dernier mémoire de connaissances Transformations to Sustainability explore les discours et les récits autour des transformations vers la durabilité. James Waddell en apprend plus.

Trouver un terrain d'entente dans les récits transformateurs de la durabilité

Les histoires nous aident à comprendre les autres et nous-mêmes. Ils nous unissent en tissant des liens et en véhiculant des valeurs, une culture et une histoire partagées. Autrement dit, ils donnent un sens à notre vie collective. Des contes d'enfance aux discours politiques incarnant nos espoirs et nos peurs pour l'avenir, les récits sous-tendent chaque vie humaine.

Il n'est pas étonnant que nous ayons besoin de récits pour nos sociétés, ni que les doctrines utilisent le pouvoir des récits pour les dominer. Le problème auquel nous sommes confrontés aujourd'hui est que nous ne pouvons pas sembler dépasser un récit qui a été raconté pendant 40 ans. Certes, tout réduire à des récits serait naïf, mais on ne peut pas non plus sous-estimer leur influence. En effet, le discours néolibéral domine toujours, même s'il nous a montré à maintes reprises ses failles considérables. Son modèle de croissance s'est révélé insoutenable par sa dépendance à la surexploitation des ressources et à la dégradation de l'environnement naturel, et par les inégalités croissantes au sein des sociétés et à travers le monde.

Si la pandémie nous a appris quelque chose, c'est que nous sommes tous interconnectés, les humains aux autres humains, les humains au monde naturel, les humains aux animaux, etc. Elle pose la très sérieuse question de savoir comment assurer un avenir durable, si seulement nous cessons de perturber les équilibres naturels de notre monde. Et donc, à la lumière de la crise, ne pourrait-on pas imaginer un avenir différent, où nos économies et nos sociétés auraient intériorisé les leçons de la pandémie ? Et si nous pouvions sortir de la crise du COVID-19 avec une nouvelle vision de nos sociétés ?

Nous avons certainement appris l'importance de la santé publique, mais on nous rappelle également que nous devons protéger notre maison commune. Si nous exploitons constamment et impitoyablement notre planète pour éteindre les soif inextinguible d'un petit segment de notre population, nous serons confrontés à des conséquences désastreuses. Cette pandémie n'est qu'un exemple de la façon dont les méthodes non durables affectent l'ensemble de l'humanité.

Ainsi, la question doit être posée ; sommes-nous coincés dans le récit brisé du néolibéralisme ? Comme le souligne George Monbiot dans une conférence TED, les histoires discréditées sont généralement remplacées par de nouvelles histoires. Pourtant, le récit néolibéral fait preuve de résilience.

Comme le dernier Mémoire de connaissances Transformations to Sustainability montre, peut-être que nous ne sommes pas complètement coincés dans ce récit raté, c'est plutôt qu'aucun récit alternatif fort n'a émergé pour défier l'ancien. Nous avons besoin d'un nouveau discours convaincant sur la durabilité pour remplacer notre modèle défaillant. Avec un nouveau récit, nous pouvons envisager une transformation de nos économies, technologies, institutions, mais aussi nos valeurs humaines et nos normes culturelles.


Trouver un terrain d'entente dans les récits transformateurs de la durabilité


Le mémoire – et l'article évalué par les pairs sur lequel il est basé – demande si un terrain d'entente entre les récits sur la durabilité pourrait créer un récit alternatif puissant pour contester la domination du discours capitaliste néolibéral. Cette question est posée à un moment opportun, alors que les vieilles histoires perdent de leur emprise, mais que de nouvelles n'ont pas encore émergé.

La difficulté avec les discours sur la durabilité d'aujourd'hui est qu'ils partagent des objectifs très similaires mais sont en désaccord sur la route que nous devons prendre pour les atteindre. Les contradictions inhérentes entre les approches, telles que le réformisme néolibéral d'un côté et le changement social radical de l'autre, sont illustrées par les objectifs de développement durable des Nations Unies qui englobent la justice sociale, le bien-être humain et l'intégrité écologique tout en s'engageant à poursuivre la croissance économique.

Néanmoins, la note identifie un terrain d'entente entre les récits alternatifs de la durabilité : « une vision du monde comme composé de systèmes et de réseaux ; une relation avec la nature durable, régénératrice et centrée sur la planète ; interdépendance et coopération humaines; les objectifs du bien-être humain, de la justice et de la pluralité ; et un accord sur la valeur de la gouvernance participative, un nouveau système économique, donnant la priorité à différentes valeurs humaines et pratiques de connaissances participatives comme stratégies potentielles de transformation ».

Il résume ensuite le terrain d'entente en cinq mèmes* - ou éléments clés d'un nouveau récit - qui peuvent être recherchés et articulés pour former un récit de durabilité partagé : visions du monde, la relation humaine avec la nature, les relations humaines les unes avec les autres, les objectifs de transformation et stratégies pour parvenir à la transformation. Seraient-ils les éléments constitutifs d'un scénario qui mobiliserait une coalition de discours pour défier le néolibéralisme ? Pour l'instant, il semble que le terrain d'entente soit suffisamment important pour offrir l'espoir de développer un nouveau récit partagé, nous permettant de guider la transformation vers un avenir plus durable.

* la pierre angulaire d'un récit ou d'un discours ; une idée reproductible qui peut être transmise (pas un mème Internet).


La Programme Transformations vers la durabilité (T2S) soutient et fait progresser la recherche internationale et transdisciplinaire en mettant l'accent sur les dimensions sociales des causes et des solutions aux défis de la durabilité.

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