Recherche sur le changement global et pandémie de COVID-19

Une nouvelle note d'information du Comité national français sur le changement global (CNFCG) examine comment les priorités de la recherche sur le changement global sont affectées par la crise actuelle du COVID-19, et demande comment la recherche sur le changement global peut mieux contribuer à gérer de telles crises à l'avenir .

Recherche sur le changement global et pandémie de COVID-19

La Comité National Français des Changements Globaux (CNFCG – Comité National Français des Changements Globaux) représente la communauté de recherche française dans les relations avec les initiatives internationales, telles que Future Earth et par Programme mondial de recherche sur le climat, tous deux créés sous le parrainage de l'ISC.

La communauté de recherche sur le changement global en France – comme tous les chercheurs dans le monde – a été touchée par la pandémie de COVID-19 et les perturbations économiques et sociales qui en découlent. Dans une note d'information de novembre 2020, le Comité explore comment la recherche sur le changement mondial a été affectée par la pandémie et comment elle peut mieux contribuer à comprendre et à gérer les changements complexes créés par la crise dans les années à venir.

Le document conclut en appelant à reconsidérer le rôle des chercheurs et des structures de recherche sur le changement global afin de mieux appréhender les changements systémiques complexes auxquels les sociétés sont aujourd'hui confrontées. Une traduction de la conclusion est fournie ci-dessous :

Le déclenchement de la pandémie de COVID-19 a été un choc : un signal d'alarme au monde que l'avenir de la société humaine sera déterminé par des défis interconnectés à court et à long terme.

La crise sanitaire a mis en lumière des enjeux de court terme qui étaient jusque-là souvent passés inaperçus, mais qui sont aujourd'hui devenus des priorités urgentes, et à juste titre. La propagation mondiale rapide de la pandémie a alimenté des soupçons sur le fonctionnement de l'économie mondiale et des inquiétudes quant à la « relocalisation » de l'économie, afin de s'appuyer sur ses propres forces dans un monde où la solidarité peut être rare. En quelques mois, les pays du monde entier ont vu leurs paysages politiques transformés par les urgences créées par la propagation du SARS-CoV-2, mais il n'est pas encore possible d'évaluer si cette transformation va durer, ni quel cours elle suivra dans le mois et années à venir.

Cependant, il serait extrêmement préjudiciable de négliger les enjeux de long terme liés aux défis environnementaux. Les actions que nous menons chaque jour affectent le changement climatique – et la biodiversité et les écosystèmes dont il dépend – pendant des décennies ou des siècles à venir, d'une manière qui est en grande partie irréversible. Les solutions nécessaires pour répondre à ces changements demandent des infrastructures qui prendront du temps à mettre en place : du temps qui est également nécessaire pour répondre aux défis de la conservation des ressources et des changements sociaux et démographiques.

Avant même la pandémie, les liens de plus en plus évidents entre les enjeux environnementaux, économiques, sociaux et politiques avaient conduit de nombreux acteurs sociétaux à appeler à une remise en cause des fondements de notre développement matériel. Il est particulièrement notable que certains membres de la communauté universitaire – en particulier les plus jeunes – ont commencé à remettre en question leurs propres pratiques. La communauté scientifique, habituée aux voyages au long cours et dépendante d'équipements de recherche de plus en plus sophistiqués et à forte empreinte environnementale, s'est longtemps cachée derrière l'idée qu'elle œuvre pour une bonne cause : celle de la connaissance et du progrès. Il n'y a plus de place pour ce genre de complaisance, comme en témoigne le développement de l'initiative 'Labos 1point5'. Cela nous a conduit à reconsidérer le rôle des scientifiques travaillant sur le changement global, à plusieurs niveaux. Premièrement, nous devons relever le défi de construire des connaissances sur des enjeux systémiques qui dépassent le cadre des seules disciplines, afin de mieux appréhender la complexité des interactions entre enjeux socio-économiques, politiques et environnementaux. Mais au-delà de notre mission fondamentale de créer un corpus de connaissances pouvant faire consensus, nous devons aussi questionner nos propres pratiques et leur impact environnemental, la gouvernance de nos institutions et laboratoires, et les effets d'une organisation de la recherche en silo, qui privilégie souvent recherche avec des résultats immédiatement visibles.

Plus que jamais, la science doit aider à construire un « nouveau monde », un monde dont on sait qu'il sera largement urbain, enrichi d'une population qui atteindra bientôt 8 milliards, et qui implique des enjeux multiples, pluri- et transdisciplinaires touchant de multiples acteurs, qui doivent tous être écoutés. L'éducation et la formation sont essentielles pour aider à faire face à cette complexité, et elles doivent être centrées autour d'espaces de réflexion et de recherche qui permettent de comprendre la nature systémique des problèmes auxquels nous sommes confrontés.

Vous pouvez lire le briefing complet en ligne ici : La recherche sur les changements globaux à l'épreuve de la Covid-19.

En savoir plus sur le CNFCG.


Photo : La Géode à la Cité des Sciences et de l'Industrie, Paris, France (Sebastian Werner via flickr).

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